• Romain SLOCOMBE

    Il est né é Paris en 1953, où il vit actuellement. Pendant ses études aux Beaux-Arts à Paris, il rejoint le groupe de graphistes radicaux Bazooka. Peintre, illustrateur, affichiste, Xerox-artiste, il touche avec bonheur à toutes les techniques de l'expression graphique. Ses activités vont de l'illustration de couvertures de romans à la bande dessinée, en passant par l'image de presse, la sérigraphie, le collage et la littérature enfantine. À partir de 1977, il commence à voyager au Japon et fréquente notamment le peintre Tadanori Yokô, les illustrateurs Yôsuke Kawamura, Shigenari Onishi, Makiko Azakami, et le photographe Nobuyoshi Araki. Parallèlement à son travail d'illustrateur de BD, il fait de la photo et des films. Il est très attiré par le thème de l'érotisme japonais, sur lequel il écrit. Ses sujets évoquent souvent des Japonaises plâtrées, des bandages médicaux.

     
    Portrait

    "Romain Slocombe est un obsessionnel mais un obsessionnel avec humour. Il adore les belles Japonaises lorsqu'un bandage vient relever à contrario la délicatesse d'une nuque, le galbe velouté d'une joue, la finesse d'un poignet. Romain Slocombe est un amoureux de la beauté mais de la beauté menacée." Michel Nuridsany

    Romain Slocombe est né en 1953 à Paris. Il suit les cours de Moebius à l'université de Vincennes, puis entame des études aux Beaux-Arts de Paris. Il y rencontre en 1973 les futurs graphistes du groupe Bazooka (fondé par Kiki et Loulou Picasso) auquel il collabore en plaçant ses illustrations dans des revues de science-fiction telles Galaxie et Fiction . Par la suite il participe également aux débuts du magazine Métal Hurlant où il rencontre Jean-Pierre Dionnet. Oeuvrant tout d'abord dans le domaine de la bande dessinée, Slocombe signe en 1978 le remarqué et interdit Prisonnière de l'armée rouge où s'étalent déjà dans des gravures photo-réalistes ses visions fantasmées de femmes ligotées et soumises. Cet attrait pour l'Asie en général (et le Japon en particulier) ne fera que se confirmer jusqu'a constituer le centre de gravité de son œuvre. La guerre du Vietnam lui inspire son premier roman, Phuong-Dinh Express (1983), la guerre de Corée est au centre de sa BD Yeun-ok, l'infirmière héroique (1984). En 1983, il rédige l'essai L'art médical qui constituera une base de réflexion sur ses travaux photographiques et vidéos à venir. A la fin des années 80 et dans un registre diffèrent, il écrira aussi des romans jeunesse (Les Évadés du bout du monde, Le Détective du Palace Hôtel).

    Fin connaisseur de la culture nippone, il a l'occasion de côtoyer dès les années 80 la scène érotique underground tokyoite où il rencontre notamment le photographe Nobuyoshi Araki, le maitre-bondage Chimuo Nureki, le peintre Tadanori Yoko et les illustrateus Yosuke Kawamura, Shigenari Onishi, Makiko Azakami. Auteur apprécié au Japon (Tristes Vacances ou Prisonnière de l'Armée Rouge y reçurent des échos enthousiastes), l'année 1992 de son passage à la photographie marque un tournant crucial dans sa carrière. Il expose à plusieurs reprises à The Deep Gallery de Tokyo et ses recueils de photographies suscitent un intérêt certain (Kowasareta Ningyô / Brokens Dolls en 1994) . En France, c'est en 1995 suite à la diffusion ‘scandale' d' Un monde flottant aux Rencontres Internationales de la Photographie d'Arles que le nom de Slocombe devient familier auprès du grand public français. Ce documentaire sur le photographe Nobuyoshi Araki constitue sa première tentative d'œuvrer sur support vidéo. Par la suite, il tourne au Japon un documentaire personnel (Tokyo Love ,1996), et plus tard des courts métrages (co-réalisés avec Pierre Tasso), La Femme de plâtre (1997) et Week-end à Tôkyô (1998). Si Slocombe continue encore d'explorer son univers médical singulier par la photographie (Les japonaises blessées, Tokyo blues, ..) ou la peinture (Japan in bandage, Dolls' hospital,..), il ne se considère pas comme un cinéaste et cesse d'expérimenter le médium vidéo malgré l'essai prometteur qu'était Week-end à Tôkyô .

    Les années 2000 marquent une focalisation sur les travaux écrits. Des nouvelles (Asako highway, Carnets du Japon,..) et des romans remarqués dont sa tétralogie Crucifixion en jaune publiée dans la Série Noire chez Gallimard où il projette son double caricatural dans un Tokyo érotique pittoresque où se croisent prostituées, yakuza, secte Aum, Unité 731. Fin connaisseur du cinéma japonais, on recourt à ses commentaires pour les films Kairo , Le couvent de la bête sacrée ou encore Elle s'appelait scorpion . Plus récemment, on lui doit la traduction du Cinéma Japonais de Donald Richie.

    Photographe, dessinateur, cinéaste et écrivain, Romain Slocombe a construit son œuvre un peu en dehors des circuits habituels. Avec autant de public qu'il a de facettes, son univers souvent injustement résumé aux femmes bandées possède pourtant un vrai caractère atypique qui mérite une lecture transversale. La justesse de son regard et son détachement restent les meilleurs garants de l'authenticité de son statut d'ambassadeur culturel en marge.

     

    Regards sur les films de Romain Slocombe


    Tokyo Love (90 mn, 1996)
    De: Romain Slocombe

    Sur le papier Tokyo Love a tout du projet racoleur. L'éditeur Haxan ne s'y est en son temps pas trompé avec une jaquette explicite et une accroche gentiment sensationnaliste. Tokyo Love serait donc du bon gros trash bien exotique. Que nenni. Tokyo Love est avant tout un documentaire stylisé dans la lignée de Chris Marker sur un milieu effectivement à part, la pornographie japonaise et son lot de fétiches. Malgré un impressionnant listing de fétiches improbables (on apprend ainsi l'existence d'une niche pour le film de léchage), les détails scabreux seront évités, la caméra se veut distante, limite froide et va s'attacher à nous montrer l'envers du décor. Nous découvrons donc un monde fait de contrastes forts, où la représentation de fétiches ciblés jusqu'à l'absurde est en décalage complet avec une ambiance limite bon enfant, entre considérations cinéphiliques pointues, fous rires incontrôlés et drames personnels exprimés du bout des lèvres. En l'état tout ceci est instructif, mais ne dépasse pas forcément le reportage façon Striptease , conditions de tournage épiques à l'appui. Un point d'ancrage apparaît néanmoins en la personne, ici multiple, du modèle. Pivot du travail de Slocombe en fiction comme en photo, la figure de la jeune fille japonaise mutine, instrumentalisée, inaccessible sera déclinée tout au long du métrage.

    Le constat sur sa condition se fait tantôt amer, tantôt complice, et là est quelque part le souci. Slocombe n'est évidemment pas là pour juger, on ne demande pas un brûlot féministe appelant à la castration de tous ces vils pornocrates, mais pour un film qui donne autant la parole à des jeunes femmes parfois proprement exploitées, la caméra s'attarde tout de même très longuement sur les sessions bondage et autres performances SM. On voudrait pouvoir dire que c'est de l'objectivité documentaire, qu'il n'y a aucun regard pornographique, mais le tout donne plutôt le sentiment d'une fascination réelle (le troisième segment sera d'ailleurs remonté sous le titre Kinbaku, la forêt des arbres bleus et jouera ouvertement la carte de la fascination érotique), surtout quand à côté la mise en scène en rajoute dans le petit détail pittoresque typiquement japonais. L'activité pornographique, quand même pas anodine, se retrouve ainsi classée dans la même catégorie que la miso soup  : un produit commercial comme un autre, qui répond à une demande légitime. Montrer n'est bien sûr pas approuver, mais on sort déstabilisé, peut-être plus par le traitement que par le sujet même. Reste tout de même une image forte sur laquelle le film se conclut très justement. La caméra s'attarde sur une jeune et jolie japonaise sortie de tout contexte sexué. Elle nous fixe, elle nous sourit, elle nous séduit. Mais pas une seconde nous saurons ce qu'elle pense réellement . On peut l'attacher, la battre, la violer, en faire une esclave, mais jamais elle ne sera totalement possédée. Un paradoxe de plus au pays du soleil levant…

     

     

     

    Le femme de plâtre (14 mn, 1998)
    De: Romain Slocombe, co réalisé avec Pierre Tasso

    - "Hé Romain, y'a des gens qui disent que t'es un dingue, un obsédé avec tes japonaises plâtrées.
    - Ah bon ? Ben on va jouer là-dessus, ils vont pas être déçus."

    La femme de plâtre est un petit film (15 minutes) tourné en 98, soit à une époque où Slocombe commençait à avoir sa petite notoriété en tant que spécialiste du Japon et étendard du fétichisme médical. Pas forcément une mise au point didactique, il s'agit plutôt d'un exercice de style ludique portant autant sur le fétichisme médical que le personnage Slocombe même. Sorte de reportage stylisé, le film suit le fil ténu d'une jeune journaliste japonaise (ben tiens) se retrouvant à l'hôpital suite à un accident banal, alors qu'elle était partie justement interviewer Romain Slocombe, qui tombera bien sûr en arrêt sur ses bandages. Ce canevas va permettre aux auteurs d'agencer diverses interviews sur divers amis personnels dont le plus connu reste l'inoxydable Jean-Pierre Dionnet. S'ensuit donc une série d'opinions sur le travail de Slocombe qui loin de la bête dithyrambe jouent la carte du portait décalé et distancié ("c'est juste un obsédé !" clame gentiment le Dionnet). Instructif sur son travail, incisif sur lui-même (à l'image des aventures littéraires du photographe loser Woodbroke), Slocombe s'amuse à dresser un autoportrait fragmenté qui a le mérite de piquer la curiosité, tout en restant distrayant et gentiment anecdotique. C'est là toute sa limite, et tout son charme.

     

    Week end à Tokyo (21 mn, 1999)
    De: Romain Slocombe, co réalisé avec Pierre Tasso

    Et voilà le vrai gros morceau, le court-métrage de pure fiction, le film multiprimé en festival, celui qui aurait dû être le marchepied pour s'attaquer pour de bon au format long, le fameux Week-end à Tokyo. Cinq ans avant le désormais incontournable Lost in translation , nous avons donc droit à une superposition du choc des cultures et d'une étrange relation entre un homme et une femme, en l'occurrence le français Jean-François et sa copine par correspondance Yuka, qui toc toc badaboum s'avère être une jeune japonaise. Dès les premiers instants, le progrès par rapport aux précédents films de Slocombe est flagrant. On sort de l'image du documentaire tourné à la dure pour assister à un projet de mise en scène réellement construit, avec un usage adéquat de voix off alternées en accord avec les deux héros : un récit ultradynamique pour Jean-François, dragueur totalement dépaysé par son arrivée sur l'archipel et une lenteur pour le coup rafraîchissante pour Yuka. Dit comme ça c'est tout bête, mais cette option est au final heureuse surtout quand on pense qu'on aurait pu avoir un français « normal » débarqué dans un pays de barges, car nous savons tous que les japonais ne sont pas des gens comme nous, ma bonne dame. On retrouve donc les classiques ressorts sur les malentendus culturels de toute sorte exacerbés par la double focalisation interne, mais tout se fait avec la modestie et la finesse qui manque aux productions d'un Luc B. . Slocombe arbore la posture du sage qui sait qu'il ne sait pas, et c'est très bien ainsi.

    Sommet d'une carrière de cinéaste pour l'instant bien courte, Week-end à Tokyo se présente comme une tranche de vie douce amère, avec une empathie focalisée sur Yuka (pourtant simple sujet de la caméra là où Jean-François est la caméra) traitée tout en tendresse et élégance. En plus d'être un bon film joliment ficelé (la chute fait au fond froid dans le dos), Week-end à Tokyo prouve que son auteur n'est pas un érotomane accro au plâtre et à l'attelle. C'est avant tout un univers bien défini où une masse de mâles pas toujours finauds sautillent en espérant atteindre une jeune fille qui derrière ses allures inoffensives d'enfant espiègle ou timide reste avant tout un îlot inaccessible. On est Auteur où on ne l'est pas…

    Frédéric Maffre

     

    Son travail à la Demeure du Chaos....

    Une petite vidéo de Kells pour terminer en beauté....

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Vendredi 1er Janvier 2010 à 15:36
    salut
    bonjour a toi et bonne anné j'aime beaucoup ton blog j'i revien souvent, la vidéo "body art - we are trapped inside your body" que tu a mise sur ton blog est super, j'aime beaucoup ce jore d'art. sa me fait penser a SOpor aeternus qui lui aussi fait quelques belle photo. tu est le bienvenu sur mon blog, sa me feré plaisir d'avoir de ta visite. bizz
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